Pour la FSU et ses représentant·es au CHSCT départemental, la gestion catastrophique de la crise impacte fortement les conditions de travail des personnels des établissements scolaires et les met en danger ! Retrouvez ci-dessous le courrier qui a été adressé lundi 9 novembre à l’IA-DASEN de l’Ardèche, à la veille d’une journée de grève nationale motivée par le même constat.

Monsieur le Directeur académique,

La communauté éducative, encore sous le choc de l’assassinat de Samuel Paty, a été malmenée par les atermoiements ministériels sur l’organisation de la rentrée du 2 novembre : la possibilité d’organiser un hommage digne et concerté nous a été refusée au dernier moment, ce qui a été ressenti comme l’expression d’un mépris et a rajouté de la confusion et de l’instabilité en cette rentrée déjà compliquée.

Au même moment, le ministère continue à nous mettre en difficulté alors que le contexte sanitaire s’aggrave. Le virus circule plus largement qu’au printemps dernier. Le président de la République lui-même a parlé de deuxième vague plus dure et plus meurtrière. Le protocole sanitaire renforcé n’est qu’une illusion, à l’image de la photographie en première page du document officiel montrant une salle de classe spacieuse comptant quelques élèves seulement, bien isolés les uns des autres. Mais ce n’est pas du tout vers cette situation que permet d’aller le nouveau protocole de novembre 2020. Le Ministre le reconnaît lui-même, c’est un protocole renforcé « si possible ». Par exemple, p2, « si la configuration des salles de classe (surface, mobilier, etc.) ne permet absolument pas de respecter la distanciation physique d’au moins un mètre, alors l’espace est organisé de manière à maintenir la plus grande distance possible entre les élèves. » Mais comment loger des classes de plus en plus chargées au fur et à mesure des « réformes » dans des salles qui, elles, n’ont pas grandi ? Comment appliquer l’obligation d’aérer les salles de cours lorsque les fenêtres sont bloquées ou inaccessibles ? Comment garantir que l’entretien soit assuré alors même que les arrêts de travail se multiplient parmi les agents? Comment éviter les attroupements devant les écoles quand les parents ne peuvent pas respecter pas les horaires aménagés.. ? Comment éviter le brassage lorsqu’un·e enseignant·e est absent·e et non remplacé·e faute de moyens ?
Nous devons sans cesse arbitrer entre des choix impossibles pour savoir ce qui est efficace mais aussi vivable et applicable pour tou·te·s.
Dans ces conditions, beaucoup de collègues sont très inquiet·es pour leur santé. Cela rajoute une forte situation de stress, aggravée par le fait qu’ils·elles ne peuvent que s’inquiéter aussi pour la santé de leurs élèves et de leur entourage.

Néanmoins, précise le protocole, p6, « si la situation sanitaire locale le justifie ou si un établissement au regard de sa taille et de son organisation n’est pas en mesure de respecter les règles posées par le présent protocole, un enseignement à distance pourra être partiellement mis en œuvre, avec l’accord et l’appui du rectorat. » Or cette possibilité est accompagnée oralement d’un avertissement qui sonne comme une menace puisque les établissements sont avertis que le choix d’un confinement partiel ne saurait exonérer les enseignant·es d’amener les élèves au niveau attendu en fin d’année scolaire en temps normal. Il s’agit donc d’une fausse possibilité, tout·e professeur·e sachant pertinemment qu’un enseignement à distance ne peut pas remplacer un cours  »en présentiel » et met une partie des élèves en difficulté.
Ce point dans le protocole laisse les équipes résoudre une équation impossible et est une source potentielle de tensions. L’annonce ministérielle de jeudi soir ne concerne malheureusement que les lycées.

Nous insistons sur le fait que la volonté d’être en conformité avec certaines injonctions du protocole, aboutit à des situations intenables. Ainsi, dans certains établissements du second degré, pour éviter les brassages, on tente de supprimer les récréations à l’extérieur : situation intenable pour les élèves ainsi que pour les personnels d’enseignement puisque ces derniers sont incités à effectuer des surveillances de salles sur leur moment de pause – pause souvent utilisée pour échanger professionnellement avec d’autres. Faire cours à des élèves assigné·es à une salle, privé·es de récréation va vite s’avérer très difficile. Dans d’autres établissements ce sont les bancs qu’on tente d’interdire aux élèves. Pour les personnels de vie scolaire, ces injonctions sont également intenables et les mettent dans des situations extrêmement difficiles, alors même que les équipes sont affaiblies par des absences pour maladie et obligées d’accomplir des tâches supplémentaires (comme nous l’avions dénoncé au CHSCTd du 15 octobre).

En tant que représentantes des personnels au CHSCT, nous tenons à vous alerter sur la situation critique dans laquelle se trouvent les établissements scolaires. S’il est nécessaire de faire appliquer un protocole qui assure la sécurité de toutes et tous, cela n’implique pas forcément un serrage de vis supplémentaire contre-productif mais bien plutôt des mesures qui prennent en compte la réalité de terrain et des conditions de travail, ce qui inclut la mobilisation de moyens supplémentaires en termes de locaux, de mobilier et de personnels (agents territoriaux, AESH, AED, enseignant·es, infirmières, PSY-EN, AS…).

Nous vous prions de croire, Monsieur le Directeur académique, en notre attachement au service public d’éducation, et en notre volonté de maintenir les écoles ouvertes.

Pour la FSU Ardèche,
Valérie Benmimoune, secrétaire départementale,
Véronique Carpentier, secrétaire du CHSCTd.


Ci-dessous, le courrier au format pdf pour affichage ou diffusion numérique :