Après l’aide aux devoirs et les pratiques sportives, culturelles et artistiques, la pratique orale de l’anglais vient compléter à la rentrée 2009 l’offre des activités proposées aux collégiens « orphelins de 16h » dans le cadre de l’accompagnement éducatif, en concurrence directe, dans certains établissements, avec la pratique du football.

Sur le site de l’Inspection Académique de l’Ardèche(http://www.ac-grenoble.fr/ia07/spip/IMG/pdf_2009-161_Fiche_pratique_orale_de_l_anglais.pdf), on trouve donc une fiche de recommandations pour la mise en place de cette activité. Le principe est celui de stages intensifs (12 à 15h sur 2 à 3 semaines, soit environ 1 heure par jour) par groupes de 12 élèves maximum.

L’idée est intéressante et permettrait sans doute aux élèves concernés de progresser mais, sur le terrain, la mise en place s’avère plus compliquée qu’il n’y paraît, malgré la manne financière déversée pour l’accompagnement éducatif. Exemple : au collège du Pouzin (300 élèves), le chef d’établissement, après calculs et distribution des moyens, ne peut accorder qu’une ou au plus deux heures par semaine pour la mise en place de cet atelier, qui s’adressera aux volontaires de 5ème, 4ème et 3ème. Les enseignants ont donc été vivement encouragés à ne pas faire une publicité trop enthousiaste au dispositif… de peur qu’ils motivent trop de candidats.

La constitution des groupes doit, d’après les recommandations de l’I.A., être laissée à la charge des enseignants. Basée sur le niveau de compétences des élèves en fonction du Cadre Européen Commun de Référence (le fameux CECRL), elle doit s’appuyer sur des évaluations diagnostiques menées non pas sur les heures d’atelier mais pendant les heures de cours, « afin de ne pas devoir procéder à un test d’évaluation en début de session qui alourdirait d’emblée le dispositif ». Bien sûr, ça ne va pas alourdir le déroulement des cours ni la charge de travail des collègues qui disposent tout de même de 3 heures par semaine avec des classes de 25 à 28 élèves ! Je m’égare… Enfin, un professeur référent, rémunéré en HS, doit se porter volontaire pour assurer la cohérence pédagogique et la coordination de l’ensemble du dispositif.

En résumé, cette belle action semble destinée à apporter du travail supplémentaire aux collègues et à ne profiter qu’à une minorité d’élèves. Elle ne règle en rien le problème des classes de langues trop souvent surchargées mais permet de donner bonne conscience et moult effets d’annonces à ceux qui nous dirigent. Des classes à 24 élèves maximum et une heure de dédoublement par semaine (4 heures prof.) nécessiteraient quelques moyens mais seraient beaucoup plus efficaces et plus démocratiques. L’idée du dédoublement a d’ailleurs été mise en place sur un niveau à Cruas, du fait malheureusement d’effectifs pléthoriques en classes entières.

Dans un petit collège comme celui du Pouzin, qui reçoit tout de même 600 HSE au titre de l’accompagnement éducatif, une heure de dédoublement de la 5ème à la 3ème en anglais, par exemple, ne coûterait que la moitié de toutes ces heures attribuées. Encore faudrait-il que notre administration détermine clairement ses priorités et se donne les moyens d’agir au lieu de se contenter d’un saupoudrage qui tient plus de la poudre aux yeux que d’une véritable volonté de faire réussir les élèves. Ajoutons enfin que, comme le réclame le SNES, de telles mesures ne peuvent être acceptables à nos yeux que si elles sont intégrées dans les emplois du temps des élèves et le temps de service des collègues et non pas encore en heures supplémentaires !

Valérie Benmimoune

(N’hésitez pas à nous envoyer des infos sur la mise en place de la pratique orale de l’anglais et de l’accompagnement éducatif en général, nous sommes toujours preneurs car cela nous permet d’argumenter plus efficacement en commissions…)