En ce jour d’hommage national à la mémoire de notre collègue Samuel Paty sauvagement assassiné pour avoir fait son métier et pour avoir défendu auprès de ses élèves la liberté d’expression comme l’une des valeurs essentielles de notre République, nous avons été pour le moins surpris de ne pas être convié·es, en tant que représentant·es des personnels de l’Éducation nationale, à prendre la parole lors de la cérémonie qui a eu lieu ce matin à Privas devant le collège Bernard de Ventadour en présence de M. le Maire, Mme le Préfet, M. le Président du Conseil départemental, M. l’IA-DASEN et plusieurs élus locaux. La seule prise de parole prévue était celle qualifiée de « républicaine » de M. le Maire de Privas.
C’est donc sans autorisation et presque par effraction que des enseignant·es ont réussi malgré tout à exprimer leur émotion, au travers de la prise de parole d’un enseignant du Lycée Vincent d’Indy et de celle de la secrétaire départementale de la FSU, alors même qu’une partie des officiel·les avaient quitté le rassemblement.
Les applaudissements et l’émotion exprimée par le public présent semblent montrer, que pour les citoyen·nes, cette parole avait son importance.
Bien sûr, la peine et la douleur n’appartiennent pas aux seul·es enseignant·es, pas plus que les questions que cet assassinat soulève, puisqu’elles concernent la société française toute entière. Il est cependant tout à fait inadmissible que la parole des enseignant·es puisse ainsi être étouffée (sciemment ou par maladresse) alors même que ces rassemblements prétendent affirmer haut et fort la liberté d’expression comme valeur fondamentale de la démocratie ! Si la parole politique (et pas politicienne) est sans doute importante face au traumatisme provoqué par le drame, elle ne peut s’exprimer au détriment de la parole d’une profession meurtrie qui a plus que jamais besoin d’un véritable soutien allant au delà des mots. Nous rappelons par ailleurs que nous nous opposons à toute récupération politique de cet assassinat.
Nous joignons à ce communiqué l’hommage à Samuel Paty, lu devant le collège Ventadour de Privas, publié pour appeler à ce rassemblement au nom du MRAP centre Ardèche, du Carrefour laïque de Privas, de la FSU 07 et de la CGT 07, rédigé sur la base de la prise de parole intersyndicale du 18 octobre à Valence et d’un communiqué national intersyndical initié par SOS Racisme, la FSU, le Sgen-CFDT, l’Unsa Education, le SNALC, la FCPE, la FIDL, la FAGE, l’UEJF, « Dessinez Créez Liberté », la LDH et le MRAP, soutenu par Charlie Hebdo.