Mardi 18 octobre, la FSU appelait à se mobiliser à double titre. La journée a d’abord été construite comme une journée d’action pour la défense du lycée professionnel et de ses élèves contre la réforme qui vise à les mettre définitivement au service du patronat. Mais l’actualité sociale, avec les mobilisations dans les raffineries, les diverses provocations dans les déclarations du pouvoir et l’annonce de réquisitions par le gouvernement, a poussé les organisations syndicales à appeler l’ensemble des salariés et des citoyens du pays à se mettre en grève et manifester pour défendre nos salaires et le droit de grève.

Les rassemblements ardéchois ont réuni plus de 1 500 manifestants à Privas, Aubenas et Annonay. Retrouvez ci-dessous la déclaration faite par les militant·es de la FSU Ardèche (avec en fin d’article une version pdf à télécharger et diffuser).

Ce 18 octobre est un jour particulier de mobilisation face à un gouvernement qui continue de toujours vouloir stigmatiser les plus faibles et faire peser les efforts sur les épaules des mêmes : les salarié·es, les privé·es d’emploi, les retraité·es et les jeunes, pour faire des économies.

La FSU condamne fermement la nouvelle dérive autoritaire perpétrée par ce gouvernement quand il s’en prend au droit de grève. Nous rappelons la légitimité des revendications salariales de tou·tes les travailleurs·euses du privé comme du public dans le contexte d’inflation vécu par tou·tes.

Les salarié·es des raffineries, et plus largement du secteur de l’énergie, sont en grève pour porter leurs revendications d’augmentation des salaires, actuellement rongés par l’inflation, alors que les multinationales qui les emploient distribuent à leurs actionnaires des milliards de dividendes issus des superprofits qu’elles réalisent à la faveur de la crise énergétique. Le patronat et le gouvernement doivent entendre l’exigence de justice sociale qui s’exprime !

Cette journée était au départ prévue pour la défense du lycée professionnel, et c’est bien un vrai enjeu de justice sociale que le gouvernement piétine avec sa nouvelle réforme de l’enseignement professionnel destinée à mettre à la merci des entreprises nos élèves les plus fragiles et les plus éloignés du système.

Aujourd’hui, la France fait face à une pénurie de main-d’œuvre sans précédent et ce dans de nombreux secteurs d’activité. C’est dans ce contexte tendu pour les employeurs, où les salarié·es retrouvent du pouvoir de négociation, que le gouvernement engage une série de réformes soit-disant nécessaires. Il prétend mener ces réformes au prétexte d’un objectif de plein emploi, mais en réalité ce qu’il recherche c’est maintenir voire renforcer la concurrence entre les salarié·es et précariser toujours davantage une partie croissante du salariat pour empêcher toute redistribution plus juste des richesses créées. Cela passe par une nouvelle réforme de l’assurance chômage, par un allongement du temps au travail (via la réforme des retraites), mais aussi par la réforme des lycées professionnels.

Ces réformes serviront d’alibi pour contenir les exigences salariales mais aussi maintenir une pression sur les jeunes diplômé·es à l’entrée du marché du travail. Et pour cela : il faut mettre au travail la jeunesse, et rapidement, quitte à ne plus la former, quitte à ne plus la certifier. C’est bien là le cœur de la réforme des lycées professionnels.

Pour la FSU, au final, cette réforme va compromettre l’avenir scolaire et professionnel de 680 000 élèves qui sont celles et ceux de nos élèves les plus fragiles, économiquement, socialement et scolairement. Cette réforme entend les propulser dès 15 ans au travail au détriment de leur formation et de leur certification. Cette réforme organiserait le séparatisme entre les jeunesses lycéennes, où 1/3 d’entre elles et eux seraient privé·es à terme des cadres nationaux protecteurs de l’Éducation nationale ou de l’enseignement agricole public, ces cadres qui garantissent la qualité des enseignements et l’égalité entre les élèves. Cette réforme signe les prémices d’une privatisation d’un pan entier de ces ministères : la voie professionnelle scolaire. Au-delà d’une attaque frontale contre les enseignements généraux, contre l’aspect émancipateur et citoyen des formations professionnelles des jeunes, cette « réforme Macron » des lycées pros vise à s’attaquer aux qualifications des ouvriers·ères et employé·es, ce qui permettrait, tout simplement, dans la continuité de ses réformes précédentes, d’abaisser le « coût » du travail.

Alors que le lycée pro pourrait devenir le lieu d’enjeux essentiels pour notre société, par le développement de formations qui conduisent à des métiers nécessaires à la transition écologique, à la ré-industrialisation, à la prise en charge de la dépendance… le choix actuel est au contraire d’en faire un outil à la merci d’intérêts particuliers.

Loin de cette vision étriquée, libérale et purement utilitaire de l’École, la FSU défend un modèle de formation professionnelle initiale globale, émancipatrice, ancrée sur des diplômes nationaux garants de la qualification des emplois et de la reconnaissance des métiers. C’est pourquoi nous combattons ce projet néfaste en défendant le modèle de l’enseignement professionnel public et laïc. Parce que la place d’un jeune de 15 ans, quelle que soit son origine sociale, n’est pas au travail mais à l’école.

La FSU souligne, dans la situation sociale et économique du pays, l’importance de construire les conditions d’un mouvement social d’ensemble pour gagner une augmentation significative des salaires dans tous les secteurs d’activité. C’est un enjeu de juste partage des richesses. La convergence des luttes existe, la marche de l’Union populaire dimanche a été un succès et c’est bien dans cette ligne que nous nous plaçons aujourd’hui.

Pour la Fonction publique, une première mesure immédiate et efficace d’augmentation serait l’indexation automatique du point d’indice sur l’inflation. L’urgence appelle aussi l’instauration de l’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes. Il nous faut les emplois et les moyens de financement nécessaires à la mise en œuvre des missions de service public au service de l’intérêt général plutôt que des lois de finance qui organisent l’austérité budgétaire au bénéfice d’une poignée de nantis.

Enfin, on ne le dira jamais assez, une véritable transition écologique est plus qu’urgente et pour cela il faut absolument relocaliser les emplois. Il faut dès maintenant changer radicalement de modèle, que ce soit en termes de bâtiments, de transports ou de production pour que notre planète reste vivable pour les générations futures et que tous et toutes y aient leur place.

Cette fois encore, nous sommes ici pour de grands combats. Ce sont des combats justes, des combats légitimes pour le plus grand nombre et cette mobilisation ne doit pas s’arrêter en si bon chemin !