Formation Spécialisée Santé Sécurité Conditions de Travail départementale du 23 janvier 2025 : une réunion pour la forme ?

Monsieur le Directeur académique avait de plus importants chats à fouetter à Paris, Madame la Secrétaire générale nous a annoncé son départ prochain en vue d’une réorientation de carrière, une Conseillère de prévention Drôme Ardèche a finalement pris ses fonctions après presque 5 mois de vacance du poste, l’Assistante sociale des personnels est en congé prévu de longue date mais n’est pas remplacée. Cette instance qui traite de problématiques de terrain, de la vraie vie dans nos classes et des signalements des collègues avait des allures de service minimum du côté de l’administration…

1. Visite d’un lycée professionnel :

La FS-SSCTd doit effectuer trois visites par an, celle-ci devait observer l’impact des réformes de la voie professionnelle au sein d’un lycée du département. Elle a eu lieu le mardi 19 novembre 2024. L’enjeu est comme toujours de donner la parole aux personnels concernés, qui sont les plus à même d’évaluer ces évolutions parfois brutales de leurs conditions de travail. Notre travail est de faire un compte-rendu précis et de faire remonter leurs analyses, préoccupations et questionnements aux niveaux académiques et nationaux. Personne en face n’est prêt à s’engager sur une transmission rapide…

L’établissement professionnel compte 217 élèves, 35 enseignant.es et 15 agents. Il accueille des élèves sous statut scolaire et 30 apprentis. Depuis 2018 plusieurs réformes se sont succédées et de nouvelles mesures ont été adoptées en 2023. Les équipes pédagogiques n’ont pas le temps de s’approprier la nouvelle organisation, ni de se former et ont le sentiment de ne jamais pouvoir anticiper la mise en œuvre.

Ces changements concernent notamment la classe de Terminale, avec la création d’un parcours différencié en fin d’année (choix entre une période en entreprise et un parcours de poursuite d’étude). Cette mesure a un impact important sur la calendrier de progression annuelle, réduisant le temps dédié à la réalisation du programme et avançant les dates d’examens. Les enseignant.es subissent une surcharge de travail, causant du stress et de l’anxiété. De plus, le contenu de ces parcours reste à la charge des enseignant.es et les attendus ne sont pas clairs. La réalisation du projet de fin d’année leur paraît impossible car il n’y a que très peu de temps pour accompagner les élèves.

Les équipes regrettent également l’absence de temps de concertation pour mettre en œuvre les nouveaux programmes. Outre ces changements de programmes, la mixité (statut scolaire et apprentis) implique pour les enseignant.es de préparer des progressions différenciées afin de permettre aux apprentis d’avoir le contenu des cours lorsqu’ils sont en entreprises. C’est une surcharge de travail importante qui donne un sentiment de travail empêché (lorsqu’on ne vous donne pas les moyens de mener à bien vos missions de manière satisfaisante).

Des inconnues persistent notamment sur le devenir de la troisième prépa-métier avec la création de la seconde prépa-professionnelle. L’absence de clarté des programmes de la seconde accentue le flou et l’insécurité des enseignant·es.

Le lycée professionnel a pour objectif de permettre à des élèves  d’acquérir des compétences et connaissances dans un domaine professionnel précis, ils et elles sont censés être opérationnel.les en entreprise. La suppression du BEP (en 2009) et la transformation du baccalauréat professionnel en 3 ans (au lieu des 4 années pour le cursus complet avant 2009) ont considérablement réduit le temps dédié aux enseignements professionnels et ôté des semaines de formations en classe et de stages (passage de 22 à 26 semaines d’enseignement général et passage de 6 à 4 semaines de stage). Pour les enseignant·es, le sentiment dominant est de ne pas avoir le temps de faire acquérir les compétences indispensables à leurs élèves. Certain.es élèves sont de fait tenté.es de choisir des CFA qui proposent davantage de périodes en entreprise, pensant s’assurer une meilleure insertion professionnelle. Du point de vue des équipes pédagogiques, cela crée une perte de sens dans leur métier.

Le secteur géographique rend parfois difficile le recrutement comme le remplacement de certain.es personnels. Cela entraîne parfois une surcharge de travail pour les autres, au moins autant que dans tous les secteurs de l’éducation nationale, le manque d’attractivité de nos métiers se fait cruellement ressentir.

Les équipes pédagogiques s’interrogent également sur les choix concernant les ouvertures et fermetures de formations. Ils et elles connaissent leur bassin professionnel et constatent que certains choix manquent de pertinence.

Un point a été souligné impactant l’ambiance de travail : des difficultés importantes dans les relations interpersonnelles  sont évoquées, situation en cours de traitement. Nous insistons sur le fait que les personnels doivent être informés au fur et à mesure par l’administration.

2. Avis :

Lors de l’instance du mois d’octobre nous avons présenté des avis, manière d’obtenir des réponses écrites de l’administration. Malgré tout les réponses sont souvent incomplètes ou lacunaires. Ainsi sur l’avis quant à un protocole de crise au sein de chaque école, nous ne pouvons nous contenter pour les collègues d’une réponse « favorable », il nous faut la déclinaison des modalités de rédaction de ces protocoles, précisant par exemple que les équipes de circonscriptions ou le service de l’école inclusive peuvent être sollicités.

Un groupe de travail sur le remplacement dans le premier degré devrait avoir lieu fin février suite aux nombreuses fiches SST sur ce thème.

3. Éducation à la Vie Affective Relationnelle et Sexuelle :

Nous avons une ultime fois retenté notre chance en objectant que la réponse à notre avis du 10 octobre ne correspondait pas à la question, que nous savions bien quelles formations étaient proposées aux enseignant·es sur ces sujets mais que notre demande portait sur la nécessité d’information de nos collègues sur leurs droits et surtout une réponse claire et publique de l’institution aux opérations de diffamation menées par des groupuscules d’Extrême droite qui ne peuvent avoir qu’une audience délétère pour toute la communauté éducative et particulièrement pour les collègues investi·es dans les actions d’éducation à la sexualité. Le DASEN ne veut pas se positionner, il n’a clairement pas de temps à y consacrer mais peut-être aussi ne souhaite-t-il pas prendre position officiellement contre l’extrême droite car ce n’est pas très tendance en ce moment chez ceux qui nous gouvernent.

Il nous reste la possibilité de porter plainte contre l’association qui a tracté fin septembre à Privas, pour diffamation ( des « Parents en colère » prétendent que l’EVARS va à l’encontre du code civil et du code pénal !). Nous prévoyons ensuite de faire une conférence de presse pour faire passer notre message dans la presse locale.

4. Médecins experts :

Point sur les médecins experts vers lesquels nos collègues sont envoyés en vue de l’examen de leur dossier par le comité médical pour retraite anticipée, reconnaissance de maladie professionnelle ou d’accident de service: un psychiatre signalé depuis plusieurs années comme maltraitant vis à vis des personnels qui lui sont envoyés reçoit de nouveau des agents avec des conséquences délétères. Nous avions obtenu du DASEN en 2021 que l’administration se positionne contre sa désignation, nous renouvelons notre demande d’intervention pour que des personnels déjà fragilisés ne soient pas exposés à ces situations, d’autant que le Service des retraites de l’État retoque systématiquement ses décisions et demande qu’aucun dossier ne passe plus par ses mains.

5 . Groupe de Travail AESH :

Afin d ‘obtenir pour nos collègues AESH de meilleures conditions de travail à l’heure même ou l’on fête les 20 ans de la loi du 11 février, qui sans elles.eux ne pourrait être appliquée, nous avons travaillé avec l’administration par 2 fois déjà. Si la rémunération et le statut ne peuvent être évoqués lors de ces GT, les questions d’affectations, de déplacement, de délai de prévenance mais aussi des conditions de travail dans les classes avec des élèves de plus en plus difficiles à gérer ont été évoquées. Quelques avancées semblent possibles mais une fois les préconisations et le travail effectués, il faudra attendre la validation du DASEN…Nous continuerons à  travailler au sein des autres GT auxquels nous serons toujours présents. La défense des droits de nos collègues est essentielle et primordiale.

6. Point sur le remplacement :

Après avoir rappelé le contexte du non-remplacement à tous les niveaux (SEGPA, ULIS, écoles) et ses conséquences sur les équipes pédagogiques (adaptation en urgence, mobilier inadapté), la FSU a souligné qu’à présent, les heures de décharge des directrices et directeurs étaient également reportées. Suite à la réponse de l’administration sur les avis de la F3SCT d’octobre 2024, nous avons insisté sur la nécessité de mettre en place un groupe de travail dédié au remplacement.

L’administration s’est dit favorable à cette initiative, tout en expliquant que la situation exceptionnelle actuelle résultait de plusieurs facteurs : la recrudescence des virus hivernaux, neuf départs à la retraite en cours d’année, 31 temps partiels thérapeutiques, ainsi qu’une hausse des congés longue maladie et longue durée. Elle a par ailleurs déploré la réception de courriers envoyés par des parents, des élus et des enseignants, reprenant selon lui des formulations standardisées, probablement encouragées par des organisations syndicales qu’elle accuse de véhiculer une image négative de la situation.

La FSU a de nouveau demandé la transmission des données sur l’utilisation des remplaçants, chiffres réclamés dès la FS du 10 octobre 2024 et promis par le DASEN. Or, l’administration s’est contenté de réitérer la même réponse donnée trois mois plus tôt : « Nous vous transmettrons des données actualisées… », sans préciser de date pour cette transmission.

CONCLUSION :

Nous avons également rappelé que les registres SST existent bel et bien toujours (n’en déplaise à certains chefs d’établissements) et qu’ils sont accessibles à tous et toutes sur le site du rectorat ici. Si l’administration trouve que trop de fiches sont envoyées, c’est sans doute parce qu’il y a pas mal de problèmes sur le terrain. Nous continuerons à accompagner et défendre nos collègues !

AGENDA :

Prochaine visite en mars dans un collège avec SEGPA sur le thème de l’inclusion.