Le contexte exigeait que nous fassions une déclaration liminaire (ci-dessous), ce qui est rare dans ce genre de réunion. Nous étions porté.es par les collègues mobilisé.es ce jour-là sur la question des conditions de travail : celles des directrices et directeurs d’école mises en lumière par le suicide de Christine Renon et plus largement celles de l’ensemble des enseignants. C’est ce que montraient l’enquête nationale menée par le SNES à la rentrée et les « cahiers de doléances » proposés aux collègues du premier degré par le SNUIPP. Il était aussi important pour nous de rappeler les freins mis à l’action des CHSCT, d’autant plus que leurs missions doivent être drastiquement réduites dès 2020.
Dans la déclaration, nous sommes revenues sur les suites à donner à la visite du lycée professionnel Marius Bouvier de Tournon. Cette visite avait en effet pour objectif de mettre en pratique ce qui devrait être au cœur de l’action des CHSCT : l’évaluation de l’impact des changements d’organisation sur le travail. Nous avions fait le bilan de la première externalisation d’une « classe » d’IME dans un lycée professionnel. Alors qu’au CHSCT de juin 2020, l’administration avait refusé toute communication à ce sujet, elle a cette fois-ci concédé qu’on pourrait transmettre une fiche technique des préconisations à d’autres établissements engagés dans un processus similaire. Il est vrai que le bilan que nous avions dressé des conditions d’accueil faites aux personnels et aux élèves n’était pas très reluisant (conditions de travail des collègues fortement impactées par l’absence de matériel mis à disposition et très grande disparité de traitement des élèves par rapport aux autres…). Nous avions pointé la nécessité d’anticiper l‘accueil tant sur le plan matériel que pédagogique. Mais faire le bilan des réformes n’est pas le fort de l’Éducation nationale…
Nous nous sommes appuyées sur les Cahiers de doléances rédigés à l’initiative du SNUIPP-FSU le 14 octobre dernier pour pointer plusieurs problèmes :
Ces cahiers ont été remplis par des enseignants du premier degré, des AESH, quelques parents.
- Un manque criant de moyens tant pour l’encadrement des élèves, en particulier ceux et celles en situation de handicap, que sur la formation des enseignants et des AESH qui ne correspond pas du tout à la diversité des besoins. L’assistante sociale des personnels suggère que soit engagée une réflexion pour voir comment des AESH pourraient bénéficier des formations organisées pour les enseignant·e·s.
- Les RASED incomplets sont également un sujet de souffrance pour tous les acteurs de l’école.
- Les relations des personnels avec la hiérarchie sont aussi l’objet d’un profond mécontentement : infantilisation, surcharge de travail, manque de reconnaissance…
Sur ces sujets, l’administration propose quelques pistes dont la plus concrète concerne les directeurs et directrices : un groupe de travail a été constitué devant mener une réflexion sur l’allègement de leurs tâches, rappelons qu’il s’agit d’une directive nationale.
Nous avons aussi présenté l’enquête menée par la FSU sur la mise en place des PIAL(Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés, nouvelle organisation qui permet d’affecter les AESH sur un lieu afin de « mieux » mutualiser les moyens) :
Quelques points positifs en ressortent :
- pour les AESH : accompagner plus d’élèves et développer l’autonomie donne parfois le sentiment d’être plus disponible, mieux centré.e sur une vie d’école. Elles ont aussi moins d’inquiétudes vis à vis de leur affectation l’année suivante,
- pour l’école : plus de présence dans l’établissement parfois, plus d’échanges, plus de disponibilité, un emploi du temps modifiable plus facilement, et moins d’adultes dans les classes.
Les points négatifs restent cependant majoritaires :
- notifications non respectées, moins de disponibilité pour chaque élève, des enfants qui se sentent délaissés, stressés par un accompagnement fragmenté et pris en charge par plusieurs personnes parfois.
- augmentation de la charge et du temps de travail pour les AESH : plus d’ESS et de concertation avec les enseignants.
- pour l’école, ce sont les notifications non couvertes qui posent problème, et c’est à l’enseignant·e de faire la répartition, d’où un vrai malaise pour la réalisation des emplois du temps.
La réponse, c’est tout simplement : cela ira mieux demain, il faut le temps que les choses se mettent en place…
Compte-rendu de visite de la DSDEN :
Ironie du sort dans le contexte de la disparition des CHSCT, un nouveau CHSCT vient d’être créé pour traiter des questions des services administratifs. Cette nouvelle instance serait chargée du suivi de notre visite. Pour ce que nous avons pu constater, les personnels étaient pour la plupart très inquiets d’une réorganisation des locaux annoncée mais dont ils ne connaissaient pas encore les modalités et sur laquelle ils n’avaient pas été consultés. Le manque de moyens est criant à tous les étages, tant du point de vue des postes que du matériel ou des locaux. Beaucoup se sentent dévalorisés par rapport aux enseignants au sein de l’institution Éducation nationale. La précarité touche plusieurs personnels, tributaires d’incertains renouvellements de contrats très courts et génère un sentiment de grande insécurité, tant personnelle que professionnelle.
Étude des situations particulières : c’est là que les fiches du registre santé et sécurité au travail qui n’ont pas trouvé de réponse satisfaisante au niveau local, de la part du supérieur hiérarchique (IEN ou chef d’établissement) sont présentées.
Trois établissements du second degré et six écoles ont été évoqués.
- La question de l’amiante se pose dans plusieurs établissements. Sur ce sujet, le protocole est clair et appliqué.
- Dans certains établissements du second degré, les relations avec la hiérarchie sont très
tendues. Les « médiations » engagées par l’administration sont sans effets, sans doute par manque de prise en compte des réalités du terrain. Le CHSCT reste vigilant. Nous avons insisté sur la nécessité absolue que tous les personnels soient protégés et avons demandé une visite sur l’un de ces établissements.
- Dans le premier degré, les situations problématiques sont liées à la surcharge de travail des directrices et directeurs d’école, à l’arrivée dans les écoles d’unités externalisées des structures spécialisées, aux relations avec certaines familles.
Visites du CHSCT :
- Réunions de suivi : LP Marius Bouvier, Tournon le mardi 4 février et école de Saint Cierge la Serre le mardi 10 mars.
- Visites prévues : collège Marie Curie à Tournon le 13 février et école de Lalevade le 7 mai.