Jeudi 12 mai 2022, les représentant·es FSU des personnels ont siégé (en visioconférence) à un conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN) très politique concernant la modification du règlement des transports par la région. Ils y ont fait la déclaration liminaire ci-dessous (disponible au format pdf en fin d’article pour diffusion large) à laquelle se sont associés les représentant·es des autres organisations syndicales ainsi que les représentant·es des parents d’élèves (fcpe).

Déclaration liminaire des représentant·es des personnels et des parents d’élèves.

Nous sommes appelé·es pour ce CDEN à examiner une modification du règlement des transports scolaires, compétence désormais dévolue à la Région. Elle propose notamment un régime de sanctions basé sur la conditionnalité des aides, en conséquence d’une décision du conseil régional en date du 18/3/2022. La fin de non-recevoir à notre demande d’accéder au document préparatoire, puis, finalement, l’envoi tardif d’un diaporama explicatif mercredi 11 mai témoigne au mieux d’un dysfonctionnement de la part de la région (que s’est-il passé entre le 18 mars et le 11 mai ?), au pire d’un mépris à l’égard des membres du CDEN et en particulier à l’égard des fédérations de parents qui sont les premiers concernés par cette modification.

Sur le fond, ce projet de modification du règlement des transports s’inscrit dans un cadre politique plus général intitulé “pour défendre notre identité et nos valeurs”, et dans lequel la région Auvergne-Rhône-Alpes entend généraliser la suppression des aides aux bénéficiaires avec le mot d’ordre : « Pas un euro d’argent de la Région à des structures ou individus ne respectant pas les valeurs de notre pays. »

Nous dénonçons cette instrumentalisation des valeurs républicaines dans laquelle la défense d’une identité fantasmée sert de prétexte à la désignation de boucs émissaires, qualifiés de « communautaristes » et supposés œuvrer à la destruction de notre société. Nous rappelons qu’il s’agit là du discours de l’extrême droite contre laquelle nos organisations ont appelé à faire barrage lors de l’élection présidentielle, aux côtés de très nombreuses organisations syndicales et politiques.

Par ailleurs, cette instrumentalisation cache mal une volonté de mise au pas autoritaire des structures et des individus, livrés aux aléas de la communication politique de M. Wauquiez et de ses décisions arbitraires. A titre d’exemple de ce que ce genre de mesures peut donner, l’ensemble des étudiants de Science Po Grenoble, ont vu leurs bourses régionales suspendues, sous prétexte de dérives « islamo-gauchistes » au sein de l’institution. Non seulement des professeur·es et des étudiant·es ont été livré·es à la vindicte populaire par des accusations diffamatoires, mais la sanction financière de tou·tes les étudiant.es repose sur le principe de la punition collective, contraire à toute idée de justice (et d’ailleurs interdite de longue date dans les règlements intérieurs de nos établissements).

Enfin, l’insistance de la région à vouloir défendre auprès des lycéen.nes leurs « devoirs » de citoyen·nes plutôt que leurs « droits » (c’est ce qui est affirmé au chapitre des actions éducatives pour les lycées) témoigne de cette volonté de mise au pas de la jeunesse. Par ailleurs, la suppression des aides aux bénéficiaires du pass’région, aux lycéen·nes, apprenti·es et étudiant·es, aux jeunes en recherche de formation qui ne « respecte[raie]nt pas les règles », introduit un principe de conditionnalité des aides liée au comportement des individus. Cette logique s’oppose à l’une de nos valeurs républicaines pourtant fondamentale, l’égalité des droits, affirmée par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.

Compte-rendu des représentant·es FSU

Présenté comme devant être rapide par l’Éducation nationale car ne devant pas amener de débats, ce CDEN a au contraire été le théâtre de discussions nourries et pertinentes dans un contexte où la région affiche ad nauseum sa volonté de défendre « notre » identité et « nos » valeurs avec cette maxime : « Pas un euro d’argent de la Région à des structures ou individus ne respectant pas les valeurs de notre pays. » À voir pour s’en convaincre la présentation des dispositifs censés « Défendre les valeurs de la France et lutter contre le communautarisme », ainsi que le nouvel accompagnement en faveur des actions éducatives dans les lycées visant à promouvoir « l’identité régionale, les valeurs de la république et la volonté d’entreprendre » (voir document ci-dessous).

À l’initiative de la FSU qui l’a rédigée, une déclaration liminaire commune à tou·tes les représentant·es des personnels et des parents a été présentée, marquant notre opposition radicale à cette dérive dangereuse et nauséabonde emblématique de la vision du monde de M. Wauquiez.

La représentante de la région a bien essayé de bredouiller qu’il ne s’agissait que d’harmoniser les règlements des différents départements et d’assurer la sécurité des élèves dans les transports en appliquant des sanctions jusqu’ici jamais appliquées par des opérateurs trop laxistes.

La FCPE n’a pas manqué de rappeler que la surveillance et les sanctions ne font pas une politique éducative équitable et profitable à tou.tes et que la région ferait mieux d’embaucher des éducateurs pour améliorer le climat dans les transports si problèmes il y a. Ceci n’est pas sans rappeler les coupes sauvages dans les budgets de l’aide sociale annoncées par le département, dont l’actuelle majorité a aligné sa politique sur celle menée par la droite aux manettes à la région.

Les élues de l’opposition au Conseil départemental ont souligné que tout enfant a droit à l’éducation et que ne pas permettre à tous d’aller jusqu’à son établissement est très grave. Une politique soucieuse de ce droit devrait être axée sur la prévention plutôt que sur les sanctions

Au final 10 votes contre, 2 abstentions des maires et 2 pour (de la région et de la majorité départementale). La réponse est très claire et le message unitaire envoyé de refus des politiques d’extrême droite, de stigmatisation et d’exclusion fait du bien. On lâche rien !

La déclaration à télécharger et diffuser largement !