Ci-dessous, le compte-rendu du Conseil Départemental de l’Éducation Nationale du 15 octobre 2020 fait par les représentant·es du SNES-FSU. Retrouvez en fin d’article la déclaration liminaire de la FSU et ses syndicats.

Joie et méthode Coué

La petite ritournelle de la joie est encore venue introduire le propos du l’IA-DASEN pour ce Conseil Départemental de l’Éducation Nationale du 15 octobre 2020. « Sur quarante sites visités, je n’ai que des remarques positives ». Notre DASEN semblent partager avec le ministre la certitude que l’incantation suffit à faire la réalité.

Cette instance s’est tenue la veille de vacances anxiogènes, moins d’une journée avant l’ignoble meurtre de notre collègue à Conflans-Sainte-Honorine suivi de récupérations politiques insupportables, quelques jours avant l’instauration d’un couvre-feu devenu confinement, d’autres attentats et la mise en place d’un nouveau protocole « renforcé ».

Il semble que la joie ait pris la fuite pour quelques temps.

C’est avec ce recul que nous résumons les points importants de ce CDEN qui, en raison de l’arrivée imminente de la deuxième vague de l’épidémie, s’est tenue en absence de Mme le préfet et sous la direction de l’IA-DASEN (Inspecteur d’Académie – Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale).

Indigestion de crise sanitaire

Pas de virus dans les écoles

Aujourd’hui, pour l’IA-DASEN, nos connaissances sur le virus se sont affinées et cela nous permet de mieux gérer le flux de contamination dans les établissements scolaires. À ceux qui dénonceraient un manque de mesure sanitaire, le DASEN répond que le protocole est aussi exigeant qu’avant, que les règles ont certes évolué mais ne sont en aucun cas assouplies. Si les aménagements ne sont pas identiques partout, c’est parce qu’on s’adapte aux circonstances locales.

Seule exception dans ce beau tableau, le lycée privé de Tournon s’est vu fermé une dizaine jours en raison d’un grand nombre de cas positifs (plus de quarante). Pour le reste, nous n’aurions affaire qu’à des cas singuliers de contamination dans le cadre intrafamilial. Toutefois l’inquiétude demeure car le taux d’incidence explose sur le département et le taux de positivité augmente de manière exponentielle.

La FSU note toutefois que si les établissements scolaires semblent imperméables aux virus grâce à l’usage des masques – la preuve étant qu’aujourd’hui ils restent ouverts quand la population doit se confiner – le milieu scolaire concentre un tiers des clusters, devant les entreprises (d’après L’université Syndicaliste n° 801 du 17 octobre 2020).

Masques toxiques ?

Nouvelle inquiétude, nouveau scandale à la veille des vacances : qu’en est-il de la qualité des masques DIM accusés de toxicité ? Le DASEN certifie que les masques sont conformes aux normes AFNOR actuelles, mais le ministre à toutefois demandé une expertise pour s’en assurer.

Vague surprise

« Oui, c’était une rentrée complexe », admet quand-même le DASEN , « nous sommes à un moment inédit de l’histoire et faisons face à une pandémie imprévue ». Imprévue ? La seconde vague était prévisible et annoncée par bon nombre, la certitude d’une rentrée complexe était évidente dès le mois de juin et la FSU avec ses syndicats demandait alors des moyens humains et matériels supplémentaires pour faire face.

Des infirmières à plein temps ? Estimons-nous heureux d’avoir déjà tous nos postes d’infirmières occupés dans le département et ne rêvons pas car « on n’aura pas un personnel soignant présent sur le temps d’ouverture d’un établissement ». Le DASEN cite des relais possibles comme le CPE (qui peut prendre l’info) ou le SAMU (selon la gravité des cas). Bref, une charge supplémentaire pour du personnel déjà surchargé. Les infirmières, qui ont visité toutes les classes à la rentrée pour expliquer les gestes barrières, feront une piqûre de rappel en automne.

Des professeurs supplémentaires ? Pas si vite, car nous avons déjà du mal à recruter pour assurer toutes les heures d’enseignement et les moyens de remplacement doivent pouvoir être réservés pour suppléer un personnel sur un temps plein en cas d’absence prolongé. Mais s’il s’agit de venir en aide aux élèves en difficultés, des moyens sur projet ont été attribués aux établissements en HSE sans plus d’informations pour le moment. Le DASEN s’engage à nous communiquer les informations en toute transparence.

Du matériel informatique ? Une enquête concernant l’équipement informatique des familles a été demandé aux chefs d’établissement du département dans le cas où il y aurait besoin de fermer. Le DASEN demande de ne pas interpréter cette demande comme une prévision de fermeture qui n’était pas à l’«ordre du jour » à la veille des vacances de Toussaint.

Bilan et ajustements de rentrée

Effectifs

Les effectifs continuent de baisser dans les collèges ardéchois. Cette année on compte 138 élèves de moins par rapport à la rentrée dernière. La baisse démographique constatée dans le premier degré se poursuit logiquement dans le second et cela devrait continuer. La FSU note que s’il y a un effectif total moindre, le nombre d’élèves par division augmente, et cela même en éducation prioritaire. Seule la population en SEGPA a augmenté de 20 élèves en raison de l’ouverture d’une classe de SEGPA au collège Les Perrières.

Dispositifs

Les dispositifs d’accueil des élèves allophones restent similaires à ceux de l’année dernière dans les 4 collèges concernés : Tournon, Privas, Les Perrières Annonay, Le Teil. 59 heures sont réparties en 25 HP, 25 HSA et une décharge de coordonnateur départemental de 9h. La FSU remarque que l’accompagnement sur 2 ans des élèves allophones est insuffisant mais pour le DASEN « ce n’est pas le sujet ».

Le département compte 14 dispositifs ULIS pour accompagner 167 élèves, dont une ouverture cette année au collège Bernard de Ventadour à Privas qui était prévue et une ouverture en urgence au collège Roqua d’Aubenas.

DNB, CFG et orientation

Depuis plusieurs années les résultats en Ardèche sont au dessus de la moyenne, cette année encore en dépit des conditions inhabituelles. Le DASEN semble alors s’étonner des évaluations des CP/CE1 qui se maintiennent au contraire sous la moyenne. Le SNES-FSU fait remarquer que le brevet évolue ces dernières années vers un diplôme d’établissements et que les statistiques ont par conséquent une valeur relative.

Le taux de réussite au CFG est légèrement en dessous de la moyenne académique mais enregistre tout de même un beau pourcentage de réussite. Le SNES-FSU s’interroge sur les moyens à mettre en œuvre afin de mieux accompagner les élèves au CFG et des heures d’AP en HSE sont pour le moment les seules perspectives du DASEN.

Notons enfin que le taux de redoublement en troisième diminue de moitié. Faut-il y voir le résultat d’affectations mieux réussies ? En tout cas l’orientation vers la 2nd GT est en nette augmentation alors qu’elle diminue en PRO, probablement en raison du confinement selon le DASEN.

« Un territoire qui émancipe » : vers une nouvelle gouvernance territoriale.

Le DASEN mûrit depuis un certain un temps projet qui, croyez-le, a soulevé l’enthousiasme de la rectrice ! L’Ardèche est aujourd’hui organisée en trois « bassins » : bassin nord (dit « Ardèche verte »), bassin centre et bassin sud. Au sein de ces trois zones, les chef·fes d’établissement se réunissent afin d’évoquer leurs préoccupations. Or, dans notre département, les bassins regroupent des territoires très différents, leurs préoccupations divergent et nécessitent des réponses plus localisées. Le DASEN prend l’exemple de Tournon et Annonay encore regroupés dans le bassin nord mais dont les projets poursuivent des objectifs disjoints en raison de leur géographie.

Le DASEN dégaine donc son projet dont l’ambition est de mettre fin à ce mode de gouvernance pour créer 6 territoires en lieu et place des 3 bassins désuets. Du nord au sud cela donnerait : Annonay, Vallée du Rhône nord, Vallée de l’Erieux, Centre Ardèche, Vallée du Rhône Sud, Ardèche Vivaroise. Ce découpage révolutionnaire permettrait l’élaboration d’un « projet éducatif par et pour les territoires » en créant le « bassin de vie d’un élève au cœur d’un parcours cohérent ». Le DASEN veut « créer un territoire qui émancipe ».

Il y a de quoi s’inquiéter face à cet effacement du cadre nationale à la faveur de programmes locaux à l’échelle des territoires dans la poursuite de la logique en marche de la réforme des collèges et des lycées. Le DASEN y voit plutôt une logique de continuité de l’offre de formation de la maternelle jusqu’au lycée (équilibre des spécialités, des projets, des parcours éducatifs) et se défend d’une différenciation des contenus, le cadrage demeurant celui des programmes nationaux. Cette logique devrait selon lui se développer au niveau de l’académie.

Un projet sur lequel nous devrons donc rester extrêmement vigilant.

Marie Curie entame sa transmutation.

Non content d’être le plus gros collège d’Ardèche, cet établissement de Tournon est aussi le plus gros de toute l’académie ! C’est donc un important secteur de recrutement avec 1080 élèves sur 17 communes et 36% d’élèves drômois.

L’ouverture d’un nouveau collège prévue à Mercurol en 2023 entraînera le départ des élèves drômois mais en attendant une mesure de sectorisation est envisagée. Dès la rentrée 2021, le collège de St Donat accueillera les élèves 6ème. Ainsi Tournon sera soulagé d’une quarantaine d’élèves et progressivement devrait perdre jusqu’à 300 élèves lors de l’ouverture à Mercurol en 2023.

Pour la FSU se posent des questions sur les conséquences vis-à-vis des personnels car des fermetures de postes semblent inévitables, dès la prochaine rentrée. Les collègues concerné·es seront-ils·elles en mesure de carte scolaire? Pourront-ils·elles en bénéficier sur la Drôme ? Cela entraînera-t-il un blocage du mouvement dans certaines disciplines ? Le DASEN dit se préoccuper de ces questions et s’est déjà entretenu à ce sujet avec la rectrice.

Déclaration liminaire de la FSU