Il y a quelques jours, le gouvernement a détaillé son projet de budget pour 2018. C’est un budget qui va creuser les inégalités, au bénéfice des 1 % les plus riches. En effet, les mesures phares concernent les très fortunés :

  • suppression de l’ISF remplacé par un impôt sur les valeurs immobilières, qui pourrait lui-même être supprimé par le Parlement,
  • mise en place du prélèvement forfaitaire unique qui réduit la taxation des taux les plus élevés du revenu sur le capital,
  • réduction de l’impôt sur les sociétés.

    La somme de ces allègements représente 10 milliards d’euros de baisse d’impôts pour les 1 % les plus fortunés. Toutes ces mesures auront un effet immédiat le 1er janvier 2018.

Par contre, les mesures destinées aux classes moyennes et modestes comme la suppression de la taxe d’habitation, mesures de compensation de la hausse de la CSG, seront, elles, « lissées » sur plusieurs années, ce qui permet au gouvernement de faire quelques économies. Cependant, les ménages subiront de plein fouet les effets de ces mesures.

Selon le gouvernement, les « cadeaux fiscaux » seraient distribués à parts égales. Pourtant, les 1 % les plus riches sont beaucoup moins nombreux que les classes moyennes et modestes !

Ces cadeaux fiscaux ont un coût, qui sera supporté par des mesures d’économie sur les dépenses de l’État. En 2018, la Sécurité Sociale devra économiser 5 milliards d’euros tandis que les collectivités locales verront leur dotation diminuer de 3 milliards d’euros. La suppression des contrats aidés et des APL permet d’économiser 4 milliards d’euros. On voit à quel point ces mesures anti-sociales ne pourront que creuser les inégalités en empêchant la redistribution des richesses.

Parmi ces mesures de réduction des dépenses de l’État figurent celles touchant au pouvoir d’achat des fonctionnaires :

"-" gel du point d’indice, alors que les fonctionnaires ont déjà subit près de 9 % de perte de pouvoir d’achat depuis 8 ans en tenant compte de l’inflation et de l’augmentation des cotisations retraite. Il faut non seulement améliorer la rémunération des fonctionnaires en revalorisant le point d’indice, mais aussi permettre un rattrapage progressif des pertes de pouvoir d’achat depuis 2010

"-" hausse de la CSG non compensée pour les fonctionnaires entrant en fonction à partir du 1er janvier 2018, à peine compensée pour les autres, mais ne permettant pas de rattrapage des rémunérations

"-" retour du jour de carence, alors que une étude poussée montre que cette mesure ne permet pas de faire des économies : les arrêts maladie sont moins fréquents mais plus longs. La véritable injustice, c’est que les salariés du privé qui ne bénéficient pas d’une compensation de leurs jours de carence par leurs employeurs devraient en avoir une, ce sont souvent les salariés les plus fragilisés ou les plus précaires

"-" remise en cause du calendrier PPCR : la transformation de primes en point d’indice permettant de cotiser pour les retraites a été décalée d’un an, avec le regel du point d’indice. Ces mesures ne garantissaient pas un vrai rattrapage des rémunérations des fonctionnaires, mais la remise en cause de ce calendrier a pour effet une perte de pouvoir d’achat et une dévalorisation des pensions.

Même l’OFCE estime qu’avec ce budget, « les 10 % les plus riches capteront 46 % des baisses d’impôts et ils gagneront 18 fois plus que les 10 % les plus pauvres et 6 fois plus que le revenu médian ».

Selon le gouvernement, favoriser les plus riches permettra à leurs richesses de ruisseler sur le reste de la société et d’être pourvoyeuses d’emplois et de redistribution, mais même le FMI s’accorde pour dire qu’il n’y a aucune preuve empirique à l’appui de cette théorie, d’autant plus qu’aucune mesure de compensation n’est imposée aux chefs d’entreprise.