Contraints d’annuler la manifestation départementale prévue le 8 avril en raison des restrictions sanitaires, les syndicats CGT éduc’action, CNT, FNEC-FP-FO, FSU et Sud éducation de l’Ardèche avaient appelé les AESH à témoigner des détériorations qu’entraine le fonctionnement des PIAL sur leurs conditions de travail. Nous vous présentons ici des extraits des écrits recueillis à cette occasion.

Une plus grande flexibilité des AESH et une adaptabilité à toute épreuve

Les AESH subissent une augmentation du nombre d’élèves à accompagner (jusqu’à 4 ou 5 élèves en même temps, avec pourtant des besoins différents), avec en plus une affectation sur plusieurs établissements, des emplois du temps modifiables et modifiés à l’envi, tout cela sans perspective d’amélioration du salaire ni même de pouvoir enfin en finir avec les temps partiels imposés…

« Dans l’année, on peut changer d’enfant(s) à suivre suivant les besoins, on ne s’occupe pas de notre ressenti ni de celui des enfants… »

« Nos missions, sans avoir de réelle formation sont très diverses et variées : il faut être capable de gérer en même temps des enfants avec des troubles complètement différents, et même parfois un enfant qui n’a pas eu de réel «diagnostic» posé ; «troubles du comportement », c’est plutôt vague… Nos missions relèvent de plus en plus d’un travail d’éducateur ! »

« À cheval sur deux classes de collège, 12 heures par classe et 9 élèves en tout. Vu que les difficultés d’apprentissage de chacun augmentent, ça devient de plus en plus compliqué de les aider. »

« Comment accompagner vers la réussite scolaire dans de telles conditions de travail ? Peu de moyens d’action. Trop d’enfants sur la semaine : 5 et sur 2 écoles »

« J’ai été affectée provisoirement dans une école primaire jusqu’en février. J’ai accompagné 4 à 5 enfants, mon planning hebdomadaire changeait très souvent et je m’adaptais en permanence aux besoins du moment dans les classes. »

« J’ai été amenée à « accompagner » un enfant dont la place devrait être en ITEP et non en milieu ordinaire (insultes et comportement inadapté en classe). J’ai donc dû improviser le métier d’éducatrice spécialisée avec cet enfant-là ! No comment. Au pied levé, j’ai dû remplacer une AESH en arrêt maladie et ai donc été affectée provisoirement dans deux autres établissements (dont un plus éloigné de mon domicile). »

« Plus d’enfants à s’occuper dans différentes classes suite à la mutualisation, ça commence à entacher notre travail, moins de temps pour chaque élève moins d’attention car plusieurs à gérer. C’est bien dommage car au final ce sont les enfants qui en pâtissent. »

Qui gère quoi et comment ?

Cette dégradation des conditions de travail s’accompagne aussi d’une perte de repères dans les méandres de l’administration. Selon le sujet, l’AESH doit contacter l’AESH-référente, le responsable PIAL, l’Inspection, le lycée payeur, ou encore le rectorat… Avec évidemment des conséquences sur la gestion de ces personnels déjà dans une situation précaire.

Des réponses approximatives voire erronées sont données :

« De plus en plus d’intermédiaires, on s’y perd pour obtenir une information et plusieurs avis différents pour un même renseignement ! Dommage ! »

Des décisions couperets sans prise en compte des conséquences pour les personnels :

« Je souhaitais faire une formation en vue d’une reconversion professionnelle, un congé formation n’est pas possible… J’ai demandé un congé sans solde, pas possible… La seule solution qu’on m’ait proposée si je voulais faire cette formation, c’est de démissionner. »

« Il faut aussi savoir qu’à la fin d’un cdd, si on nous propose un nouveau cdd et que l’on refuse (ben oui, on peut avoir envie de changer, vue la précarité), l’employeur peut noter « démission », on est un peu « coincé(es) » dans le système. »

Un manque de considération évident :

« Chaque année (scolaire), nous nous demandons quel(s) enfant(s) nous allons suivre… Parfois, on le sait avant les grandes vacances, parfois, c’est 2 jours avant la rentrée »

« Aucun personnel de l’école ( pas même la directrice ) n’avait été averti de ma prise de poste pour mon premier jour. »

« Frais de déplacements non pris en compte. Des réunions d’équipes de suivi et de scolarisation fixées sur un créneau horaire alors que je suis sur l’autre école. Des enseignants qui profitent de notre statut. Du chemin reste à faire. Pas de réel travail d’équipe ! »

Les AESH se retrouvent affecté·es sur plusieurs établissements contre leur gré et pourtant : « remboursement des frais kilométriques pas encore à l’ordre du jour… »

Un ras-le-bol qui se généralise face à ces conditions qui ne font que se dégrader :

« Je viens de démissionner ! Ça va peut-être être compliqué dans les prochains mois, mais j’avais vraiment besoin de sortir de ce système ! »

« Des conditions de + en + difficiles, un salaire qui n’évolue pas, aucune considération. Dès que je peux, je démissionne. Et je connais plusieurs AESH qui veulent quitter leur poste. »

« J’aimerais pouvoir dire que je resterai dans ce travail toute ma vie car je l’adore, mais les conditions me découragent de plus en plus et j’envisage à contre cœur de bientôt changer pour mieux gagner ma vie. »

En guise de conclusion :

« Une société qui met en place un nouveau métier avec un salaire en dessous du seuil de pauvreté, est-ce une société responsable ? Voilà la vrai question. « Ensemble pour une éducation inclusive ». Lu dans le dossier de presse du ministère de l’Éducation nationale en 2018. Comment dire… C’est pas gagné ! »