Un Conseil Départemental de l’Éducation Nationale, c’est une réunion officielle, vaguement empesée, dans la grande salle de la préfecture, avec l’administration de l’éducation nationale, le DASEN et sa garde rapprochée, les représentant.e.s de personnels (enfin ceux qui se déplacent), les parents d’élèves, les maires, le conseil départemental et les services de l’état, c’est à dire le préfet ou à défaut son secrétaire général. Voici ce qui s’y est dit dans les grandes lignes.
Des déclarations liminaires et des réactions surprenantes
Cette fois, pour faire le bilan de la rentrée dans les écoles et les collèges du département, peu de présents, un seul maire, un seul parent, deux syndicats représentés sur quatre, Madame le Préfet en personne mais aucun représentant du Conseil départemental.
Ambiance un peu étrange dans la salle presque vide, Monsieur le DASEN et Madame le Préfet n’écoutent les déclarations liminaires que d’une oreille distraite car ils semblent plaisanter entre eux.
Néanmoins, il semble que deux points des déclarations liminaire de la FSU soulèvent des réactions.
Lorsque nous demandons que les familles sans papier soient traitées plus humainement, Madame le Préfet, visiblement agacée se contente d’une réponse glaçante : elle applique la loi et ce n’est pas le sujet de la réunion ( !…). Cette « apostrophe » n’aurait donc pas lieu d’être dans cette instance. Sans doute n’a-t-elle pas entendu que les enfants de ces familles sont nos élèves et qu’ils ont eux aussi fait leur rentrée en Ardèche. Faut-il aussi demander lors de quelle instance la situation de ces élèves est abordée ?
C’est ensuite au DASEN de s’étonner (avec plus de courtoisie soit dit en passant) du ton ironique de la déclaration liminaire de la FSU à propos de la déclaration de Blanquer qui annonçait dès le 2 septembre « une rentrée techniquement réussie ». Le DASEN, lui, irait même plus loin, « c’est une rentrée exceptionnelle ! En plus d’être techniquement réussie, elle est pédagogiquement réussie». Un triomphalisme dans l’air du temps qui laisse pantois…
A la représentante de la FCPE qui se fait écho d’une rentrée très compliquée à Saint Cirgues en Montagne pour les élèves, avec des demi-heures de cours dans les emplois du temps et des pauses déjeuner raccourcies, le DASEN assure qu’il s’est rendu sur place et que tout est formidable, le travail des personnels comme les conditions d’accueil des élèves, et que ces petits dysfonctionnements sont mineurs et inévitables quand on atteint un tel niveau d’innovation.
La litanie des statistiques
Passons à présent au traditionnel diaporama des statistiques. Les chiffres égrainés au fil des diapo narrée par le DASEN mettent en évidence une légère baisse des élèves dans le 1er degré et une très légère hausse des effectifs dans le secondaire, mais, insiste-t-on, ces évolutions restent en deçà des prévisions.
Idem, les résultats du départements en terme de réussite vont très bien, je vous remercie de poser la question.
Et pour finir, un petit focus intitulé « écoles numériques innovantes et ruralité » ou comment les tablettes et les projets innovants vont désenclaver l’Ardèche. Si, si !
Lorsque nous questionnons l’administration sur l’accompagnement des élèves allophones, le DASEN est fier de répondre qu’un seul élève n’ayant jamais été scolarisé antérieurement a été recensé par les services – étrangement, nous en connaissons à nous seuls au moins trois. Ils sont arrivés en France à plus de 10 ans, d’un pays en guerre où ils n’avaient pas pu aller à l’école. Ils n’ont « légalement » plus droit à un suivi particulier puisque la prise en charge Français Langue Étrangère n’est pas prévue au-delà d’un an.
Questions Diverses et réponses langue de bois
Quand nous évoquons les conditions de travail des enseignants, le DASEN répond que la première mission des encadrants est d’accompagner et protéger les personnels qui sont sous leur responsabilité. Les collègues apprécieront…
Pour ce qui est des AESH, on nous assure que la situation est sous contrôle et que la mutualisation des moyens va permettre d’accompagner chaque élève à la hauteur de ses besoins. S’il semble vrai que les service du DASEN on essayé de faire au mieux pour limiter la casse, il n’en reste pas moins que les retours des collègues font état de nombreux dysfonctionnement : une AESH qui se démultiplie entre plusieurs élèves dans une même classe, des secrétariats de direction qui ne connaissent même pas les AESH qui leur sont affectés, des chefs d’établissements qui exigent des AESH qu’elles viennent travailler sans contrat … Bref, on est quand même bien loin de la rentrée exceptionnelle qu’on nous avait vantée.
A l’énoncé des chiffres désastreux de couverture des besoins par les RASED et lorsque nous pointons que les maîtres E sont presque deux fois plus nombreux dans le privé, on change de sujet.
Dialogue de sourds ? Langue de bois érigée en art de vivre ? La communication n’est décidément pas une science exacte. Voici tout de même nos déclarations, qui ont le mérite d’être claires, sur notre bilan de rentrée.