Pour le respect de la convention des droits des enfants, rejoignez la mobilisation RESF le 8 mai à 11h à Privas au départ de la préfecture.

Depuis début avril, sans doute en partie du fait de la fin de la trêve hivernale mais aussi en vue des élections européennes, la préfecture a encore durci sa politique vis à vis des étrangers. Madame le Préfet a, lors d’une réunion avec tous les acteurs de l’accueil des migrant·es, exprimé sa ferme intention de mettre en application les mesures adoptées dans la loi du 10 septembre 2018 « Pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », tout en durcissant le traitement réservé aux déboutés du droit d’asile.

Le 10 avril, alors que les services du SAMU social (115) leur avaient signifié l’obligation de quitter l’hôtel où elles étaient mises à l’abri, deux familles ont vu arriver la police, avant l’heure fixée par les travailleurs sociaux du 115 et sans que ceux-ci en aient été avertis. Avec un dispositif aussi impressionnant que disproportionné, les forces de l’ordre ont arrêté puis auditionné au commissariat pendant plusieurs heures les deux mamans et les 6 enfants (âgés de 10 mois à 10 ans), pendant qu’un des papas était directement envoyé en centre de rétention à Lyon.

Le 23 avril, le Réseau Éducation Sans Frontières a organisé un pique-nique de résistance sous les fenêtres de la Préfecture à 19h. Soixante personnes ont été dénombrées à cette occasion et la presse était présente. L’accent dans les revendications a été mis sur la situation de deux familles, et la mobilisation a porté ses fruits. Selon les ordres de la préfecture, une des familles logée à l’hôtel à Privas avec trois enfants, devait partir à l’hôtel du Pouzin sans justification malgré les conséquences lourdes pour la scolarisation des enfants, mais aussi pour les conditions de vie de cette famille qui a un bébé et ne peut ni laver son linge ni faire à manger dans la chambre d’hôtel. Une autre maman devait être mise à la rue avec ses deux enfants car sa prise en charge prenait fin selon les services de l’état, alors même que sa régularisation doit être officialisée début mai. Les deux familles ont finalement su, à la dernière minute, qu’elles pouvaient se maintenir où elles étaient.

Le 24 avril, un jeune orphelin en France depuis trois ans, scolarisé en CFA (en apprentissage) et dont le patron a soutenu la demande de titre de séjour, a été convoqué à la gendarmerie, soit disant pour une « simple formalité », en fait pour être arrêté et envoyé en Centre de rétention. Ses soutiens pacifiques ont été évacués par 25 militaires armés avec gilets pare-balles et la brigade cynophile. Il a finalement été libéré après plusieurs jours et un aller retour à Orly mais la situation n’est pas réglée. Des dizaines d’attestations (scolarité, professeurs, associations, employeur, collègues de travail, famille d’accueil, camarades de classe…) prouvent que toutes les conditions de l’octroi du titre de séjour sont remplies. Seul un document prouvant le décès de ses parents est attendu…

Un autre jeune placé en famille d’accueil par l’Aide sociale à l’enfance lors de son arrivée en tant que mineur non accompagné, également en formation et sous contrat d’apprenti, a tout récemment reçu une Obligation à Quitter le Territoire Français, avec mise en demeure faite à sa famille d’accueil de le mettre à la porte sous quinze jours.

Le Réseau Éducation Sans Frontière demande à Madame le Préfet, de par son pouvoir discrétionnaire,  de faire appliquer les droits fondamentaux des exilés et de ne pas les criminaliser. Madame la Préfète ne doit pas détourner son regard de la réalité des hommes et des femmes qui vivent ici ; ils et elles doivent être entendus et écoutés dans leur demande d’effectivité des droits, leur égale dignité doit être sauvegardée, les intérêts supérieurs des enfants doivent prioritairement être pris en compte et préservés, avant toute mesure d’expulsion.

Le 8 mai, RESF organise une manifestation au départ de la préfecture à 11h pour la défense des droits des enfants sans papiers et le respect de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, dont c’est cette année le trentième anniversaire.