En cette journée internationale de lutte et de revendications des travailleurs et travailleuses, nos organisations appellent à manifester pour un monde plus juste, plus solidaire, plus durable.

La FSU représente nombre de fonctionnaires dont beaucoup travaillent dans l’Éducation nationale et nous choisissons aujourd’hui d’évoquer la question de la prise en compte du handicap à l’école, emblématique de la manière dont ce gouvernement traite les plus fragiles, les plus vulnérables et les plus précaires des élèves et des personnels, ainsi que pour rappeler les revendications légitimes de ces derniers.

Les AESH (accompagnant·es des élèves en situation de handicap) sont, dans notre service public d’éducation, parmi les plus déconsidéré·es, mal payé·es et peu formé·es. Pour dénoncer le mépris dont elles et ils sont victimes, ces personnels étaient dans l’action le 8 avril, et devraient recommencer le 3 juin.

Depuis la loi de 2005 sur le handicap, les gouvernements savent faire de grands discours vibrants sur la justice et la solidarité nécessaires dans ce domaine. Mais jamais les moyens ne sont à la hauteur des besoins, loin s’en faut, et l’inclusion scolaire menée à marche forcée avec des bouts de ficelle conduit trop souvent à de la maltraitance pour les élèves comme pour les personnels. Le ministre vante des modèles d’inclusion à l’italienne, mais il oublie de dire qu’en Italie, la présence d’élève en situation de handicap déclenche la nomination d’un personnel spécialisé sur l’école dit enseignant de soutien. En France on sabre tous les postes qui de près ou de loin ressemblent à de l’aide aux équipes (maîtres surnuméraires, RASED dans le premier degré). En France on flexibilise et on tente de rendre corvéables les personnels tels que les accompagnant·es, pour ainsi diluer l’aide à laquelle les enfants ont droit, pour permettre d’afficher des formules toutes faites mais vides de sens : « zéro enfant sans solution » ! [Une petite heure de prise en charge par semaine à l’école présentée comme une solution… et hop voilà comment on fait de bonnes statistiques !]

Aujourd’hui les AESH se mobilisent pour mettre fin au système des Pôle Inclusifs d’Accompagnement Localisés. Ce système est avant tout une manière de mutualiser leurs heures et donc de saupoudrer plus finement le peu de moyens alloués. Ils permettent d’attribuer une prise en charge minimaliste à un plus grand nombre d’élèves, en pressurant toujours plus des accompagnant·es forcé·es de faire sans arrêt le grand écart entre différents niveaux scolaires et types de handicap sans qu’aucune formation qualifiante ne leur soit proposée, en les contraignant au travail à temps partiel, en les payant une misère.

Cette actualité comme tant d’autres montre que ce gouvernement ne fait même plus semblant de se préoccuper du bien commun et de la protection de la population qui sont, à nos yeux à nous, indispensables. Après quelques discours sentimentalistes sur un monde « d’après » qui devait être différent, nous ne pouvons qu’être effaré·es de constater à quel point le dogme d’une soi-disant nécessité d’austérité revient au galop, avec l’idée qu’il faudrait faire payer aux plus faibles les cadeaux toujours plus énormes et sans contreparties faits aux plus riches. L’exemple de la réforme de l’assurance chômage est le plus indigne car ce sont les plus précaires qui sont ciblé·es.

Ne nous y trompons pas, jamais les budgets prévus par ce gouvernement n’ont mis à l’ordre du jour un quelconque renforcement des services publics, les fermetures de lits à l’hôpital ont continué et dans l’éducation on continue de supprimer des postes chaque année : dans le second degré cette année, 30.000 élèves de plus, 3.000 postes d’enseignant·es en moins, pour l’an prochain ce seront 1.800 postes en moins pour 20.000 élèves de plus. Comme si la crise actuelle n’avait pas impacté l’école, ce gouvernement veut encore accentuer l’empilement des élèves dans les classes et ignore même nos demandes de renforcement des équipes médico-sociales.

Alors oui, il nous appartient de continuer à défendre notre vision du monde d’après, et dénoncer les agissements de ceux qui nous gouvernent, qui piétinent les plus fragiles, méprisent l’indispensable lutte pour le climat et bâillonnent la population à coup de lois et décrets liberticides, dans le but avoué de draguer l’électorat d’extrême droite.

Restons uni·es, restons ensemble, nous sommes légitimes dans notre colère et dans notre droit quand nous réclamons la justice sociale !