Les consignes gouvernementales semblent très claires, il faut remplir les centres de rétention (voir cet article du Monde de début juin), et certaines préfectures, dont celle de l’Ardèche, font décidément du zèle. Tolérance zéro pour les immigré·es en situation irrégulière. L’objectif, c’est l’expulsion et on n’hésite pas à s’acharner sur une famille, en mettant en œuvre des moyens impressionnants.

Après avoir envoyé la police arrêter des familles hébergées par le SAMU social pour expédier les pères en Centres de Rétention Administratif (CRA) avec l’espoir que le reste de la famille suivrait, la préfète a continué à vouloir faire du chiffre : même si les centres de rétention débordent, il faut continuer à les remplir !

On n’hésite pas à arrêter une personne qui va signer au commissariat suite à son assignation à résidence (comme toute personne déboutée de sa demande d’asile et ayant reçu une Obligation à Quitter le Territoire Français). S’il n’est pas possible de lui trouver une place en CRA (à Lyon, Nîmes, Béziers…), elle sera relâchée au bout de sa garde à vue, pour être à à nouveau arrêtée à la signature suivante, ou celle d’après (jusqu’à quatre signatures hebdomadaires obligatoires pour certains assignés à résidence).

La garde à vue au poste de police ne peut excéder 24h donc on n’hésite pas à mobiliser du personnel au commissariat la nuit, dans l’espoir de trouver une place en CRA avant l’expiration du délai légal d’enfermement.

Pas de problème non plus pour envoyer une voiture suivre un bus jusqu’à Valence pour signifier à un sans-papier qui a trouvé un petit boulot qu’il n’a pas le droit de quitter le département, puisqu’il est assigné à résidence.

La préfecture s’est même permis d’enfermer une maman dans les locaux du service des étrangers pour la faire arrêter et envoyer en CRA alors qu’elle venait demander des renseignements pour son mari qui, lui, a un titre de séjour (mais qui a tout de même été placé plusieurs heures en garde à vue).

Heureusement, il existe encore une certaine forme de justice, n’en déplaise à Mme la Préfète, et les juges (notamment ceux des libertés) réussissent parfois à la faire appliquer. On n’est pas censé arrêter quelqu’un qui vient de son propre gré faire ce que l’institution lui a demandé. On n’est pas non plus autorisé à séquestrer quelqu’un dans des locaux administratifs.

Dans plusieurs départements, les arrestations se multiplient néanmoins et les expulsions ne manquent pas. Des charters ont été affrétés pendant l’été vers l’Albanie et la Géorgie. À tel point que la Ligue des Droits de l’Homme craint que de véritables rafles aient lieu à l’automne, manière pour le gouvernement d’essayer de contenter cette part de l’électorat qui s’imagine envahie par des hordes d’immigrés.

Des familles présentes sur le territoire depuis plus de 6 ans se voient refuser la régularisation, au motif qu’ils ne sont pas là depuis si longtemps et ne semblent pas si bien intégrés que cela…

À Privas, les deux dernières familles sorties du Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile sont sans solution. En effet les autorités leur ont refusé la prise en charge par le 115. Est-il désormais acceptable en Ardèche que des enfants de 6, 9 ou 13 ans dorment dehors ?

La FSU contribue toujours à l’action du Réseau Éducation Sans Frontières. Elle appelle à participer aux pique-niques de soutien pour le respect de la convention des droits de l’enfant, tous les dimanches à 19h sous les fenêtres de la préfète à Privas (entre mairie et préfecture), sauf le 8 septembre, où le rendez-vous est à Coux à partir de 11h au marché pour soutenir une famille menacée.

Dans un contexte où le « délit de solidarité » semble être une expression passée dans la langue, la CIMADE, à l’intérieur du collectif « Délinquants solidaires », fait un point très précis sur ce qu’on risque vraiment à aider des étrangers en situation irrégulière dans un guide en 16 fiches téléchargeable ici sur le site de la Cimade.

Rappel : le petit guide juridique et militant du droit à l’école pour tous les enfants, accessible depuis mai sur le site de la FSU07 peut être utile aussi en période de rentrée.