Dans leur déclaration liminaire au Comité Technique Académique du 28 mars, les représentant·es de la FSU dressent un état des lieux de notre service public d’éducation : suppressions massive de postes dans le second degré, développement de la concurrence du privé marchand, attaques graves contre l’enseignement professionnel scolaire, projets rétrogrades du candidat Macron

Retrouvez ci-dessous l’intégralité du texte de cette déclaration liminaire. Une version pdf est téléchargeable en fin d’article pour affichage et diffusion.

À deux semaines de la future élection présidentielle, il est l’heure de regarder en face notre service public d’éducation, puisque nous siégeons pour analyser les contours de la prochaine rentrée et examiner les moyens qui seront alloués.

Malgré trois années de pandémie, les 440 suppressions d’emplois prévues pour la rentrée 2022 dans le second degré ne sont pas annulées par un collectif budgétaire. Un service public d’éducation qui en 5 ans a perdu des emplois sous le coup des incessantes suppressions de postes : plus de 8 000 dans le second degré pour 65 000 élèves en plus.

Un service public d’éducation qui s’est vu concurrencer ses missions par le privé marchand. Le printemps de l’orientation, dans la période, illustre parfaitement le profit possible pour des officines privées quand les PsyEN sont trop peu nombreux pour répondre aux besoins des élèves et de leur famille perdus dans la mécanique du tri de Parcoursup mais qui attendent avant tout des conseils gratuits, désintéressés et adaptés.

Ce quinquennat qui s’achève aura été également désastreux pour l’enseignement professionnel sous statut scolaire. La Transformation de la voie professionnelle menée par J.-M. Blanquer a réduit les horaires d’enseignement, imposé des dispositifs inopérants, déprofessionnalisé les formations. Les conditions d’études des élèves comme les conditions de travail des enseignant·es s’en sont trouvées grandement détériorées et la suppression des postes particulièrement en lettres histoire, math sciences et dans le domaine professionnel comme les gestions administration et hôtellerie restauration s’est accélérée. La réforme menée par J.-M. Blanquer génère de la souffrance au travail qu’il ignore avec mépris. Pour la FSU, des enquêtes doivent être menées et des mesures ambitieuses en prévention santé et sécurité au travail doivent être mises en oeuvre. La simultanéité de sa mise en place avec l’entrée en vigueur de la loi Pour la liberté de choisir son avenir professionnel a placé l’enseignement professionnel sous statut scolaire en situation de concurrence déloyale avec l’apprentissage, dans un grand marché de la formation initiale où il n’est guère plus considéré que comme une roue de secours à disposition des jeunes que les entreprises refusent de « former ».

Notre académie va une fois encore, payer son tribut, dégradant encore davantage les conditions d’apprentissage de nos élèves, tout comme nos conditions de travail. Concrètement, ce sont 21 suppressions de postes en collèges, mais 85 mesures de cartes scolaires, plus de 800 postes sur deux établissements, et une petite vingtaine sur trois ! Et surtout, comble des dégradations, ce sont soixante-huit stagiaires qui vont se trouver placés à temps complet devant élèves (dont quelques-uns sur deux établissements) tant pour ce gouvernement, nos métiers sont de peu de prix et sans doute, relèvent de l’improvisation. Bien triste solution devant une crise de recrutement qui ne recule pas, que ce mépris pérennise sans doute et que l’absence de toute revalorisation sérieuse fait perdurer.

Dans ce contexte, un possible dégel du point d’indice, annoncé opportunément la veille de la grève du 17 mars sur les salaires à l’appel de la FSU, de la CGT, de l’UNSA et de Solidaires, nous a laissé perplexes. Ce gouvernement a en effet refusé toute mesure collective depuis 5 ans alors que les pertes cumulées de pouvoir d’achat dans un contexte de reprise de l’inflation ont acté une dévalorisation inquiétante de nos salaires et pensions. Mais les propositions du candidat-président ont rapidement apporté une réponse : il a jugé « difficile de dire qu’on va mieux payer tout le monde, y compris ceux qui ne sont pas prêts à s’engager et à faire plus d’efforts » Enseignants décrocheurs, le retour ? Et pour faire bonne mesure, n’hésitant pas à agiter les clichés les plus éculés, il promet pour l’avenir proche la retraite à 65 ans, un collège primarisé en rupture avec le lycée, un examen d’entrée et des enseignants bivalents, le remplacement de la LV2 par l’apprentissage du code, l’entrée des entreprises une demi-journée par semaine comme « aide à l’orientation des élèves », la suppression du CAPES ou encore le recrutement par le chef d’établissement… autant d’orientations libérales qui toutes ont en commun d’atteindre les solidarités et les identités professionnelles du second degré. Que dire encore de la décision à la hussarde de remettre des mathématiques dans le tronc commun en première sans moyens supplémentaires, alors que les budgets déjà sont alloués ? Cela représente environ 400 postes, c’est environ le nombre de postes supprimés ; mépris ou cynisme ?

Quant à la voie professionnelle, le pire pourrait être à venir, avec les annonces mortifères du candidat Macron lors de la présentation de son programme : une réforme profonde mêlant encore davantage apprentissage et formation sous statut scolaire est avancée, sous la responsabilité d’un Secrétariat d’État vraisemblablement placé sous l’autorité du ministère du Travail. Les seules filières maintenues seraient celles qui offriraient des débouchées rapides vers l’emploi local, dans une vision adéquationiste exacerbée, sans plus se soucier de la pression sociale et de la demande des jeunes. Pour la FSU, ces propositions sont à mille lieux d’une voie professionnelle scolarisant tou·tes les jeunes, quelle que soit leur origine sociale, et portant l’ambition de leur dispenser une formation émancipatrice citoyenne articulant les savoirs professionnels et les savoirs généraux pour une approche globale des métiers. Nous construirons une riposte syndicale la plus unitaire possible pour combattre ce projet profondément réactionnaire pour la jeunesse et pour la société dans son ensemble.

Dans la droite ligne de son quinquennat et du bilan de son ministre, c’est bien la destruction totale de ce qui reste du service public d’Éducation qui est en ligne de mire. Alors bien sûr, la FSU condamne ce projet de préparation de rentrée, pour tous les manques que nous dénoncerons au fur et à mesure du déroulé. L’École a besoin de moyens, de reconnaissance pour rendre le service qui est le sien. Ce sont toutes ces réformes qu’il y a urgence à remettre à plat !

Enfin, et par ailleurs, la FSU tient à exprimer sa condamnation de la guerre en Ukraine et sa solidarité avec tous les peuples victimes d’une façon ou d’une autre de ces offensives meurtrières. Nous reviendrons notamment sur les moyens nécessaires pour accueillir TOUT-ES les jeunes réfugié-es.