La réunion de ce jour a pour objet la préparation de la rentrée scolaire 2012-2013 dans le premier degré. Elle se tient dans une période préélectorale, ce qui, une nouvelle fois, n’est pas sans poser de problèmes de calendrier, mais surtout peut ressembler comme à un bilan de 5 années de gouvernance.

Ainsi, alors que le gouvernement avait promis de diviser par trois le taux d’échec dans l’enseignement primaire et secondaire, les réformes de celui-ci n’ont débouché que sur un accroissement des inégalités. Petit florilège.

Premier point : L’assouplissement de la carte scolaire. Cette réforme devait améliorer « la mixité sociale » dans les collèges et lycées en permettant aux parents de quartiers défavorisés de mettre leurs enfants dans l’établissement de leur choix. La mesure a produit l’effet inverse. « Dans les établissements les plus convoités, il y a peu d’élèves de condition modeste ; dans les collèges les plus évités, ce sont les catégories favorisées qui ont disparu », souligne en 2008 un premier rapport. Confirmé par la Cour des comptes : sur 254 collèges « ambition réussite », 186 ont perdu des élèves, notamment de classes aisées ou moyennes.

Deuxième point : La lutte contre l’échec scolaire. « Je prends un engagement devant vous : nous allons diviser par trois, d’ici à la fin de la mandature, le taux d’échec scolaire à la fin du CM2 », avait promis Nicolas Sarkozy. Passer de 15 % à 5 % ? Les tests nationaux montrent que 30 % des élèves de CM2 continuent d’avoir des acquis « fragiles » ou « insuffisants » en mathématiques et 26 % en français. Au collège, les chiffres de l’OCDE révèlent que, en France, entre 2000 et 2009, la proportion d’élèves de 15 ans en grande difficulté est passée de 15 % à 20 %. Au final, le nombre de 18-24 ans quittant le système scolaire sans diplôme n’a pas varié depuis dix ans (13 %, soit environ 150 000 jeunes).

Troisième point :La politique d’éducation prioritaire. « Dans les quartiers où s’accumulent tous les problèmes de l’exclusion et du chômage, je propose de créer des classes de quinze élèves dans les collèges et les lycées », expliquait Nicolas Sarkozy en 2006. Depuis cinq ans, seuls les labels ont changé, en passant de l’éducation prioritaire au RAR et au RRS, les problèmes sont restés intacts, ils se sont même amplifiés et aggravés. Seul le nombre d’établissements pouvant bénéficier de quelques moyens supplémentaires a diminué. Dans le même temps, les établissements de l’éducation prioritaire sont les plus touchés par les restrictions budgétaires. À la rentrée 2011, ils ont perdu 2,5 % de leurs moyens horaires, tandis que les établissements favorisés en gagnaient 0,4 %. Les internats d’excellence, censés promouvoir « l’égalité des chances », ne concernent que 10 000 élèves défavorisés jugés « méritants », soit 1,5 % des effectifs de l’éducation prioritaire, et poussent les « têtes de classe » à quitter les établissements défavorisés, renforçant la ségrégation.

Enfin, quatrième point : L’appauvrissement de l’éducation nationale. En 2010, le budget du ministère de l’Éducation représentait 21 % de celui de l’État, contre 28 % en 2007. Avec 80 000 postes de moins en cinq ans, les absences de profs non remplacées se sont systématisées. Les effectifs d’élèves par classe ont augmenté et l’offre s’est asséchée. 3 000 postes d’enseignants spécialisés dans la difficulté scolaire (Rased) ont été supprimés. La scolarisation des enfants de moins de 3 ans en milieu populaire, est passée de 34,3 % en 2001 à 13,6 % en 2010

Force est de constater, si on se place du côté du gouvernement et des ministres successifs de l’Education Nationale, que les objectifs initiaux ont été atteints. En effet, en octobre 2007 l’audit initial dans l’Education nationale au titre de l’application de la RGPP dressait un constat pour le moins lapidaire :

je cite « des marges de manœuvres existent sur le potentiel enseignant par redéploiement et mobilisation effective des enseignants devant la classe.

 l’assiduité des élèves au pré-élémentaire est faible

 l’intérêt scolaire de l’accueil des 2 ans est controversé

 les structures administratives peuvent être rationalisées »

Pour atteindre l’objectif du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite ce même audit envisageait différentes mesures :

« -calculer le taux d’encadrement par département et aligner les écoles sur le plus efficient

 supprimer ou redéployer les RASED et les moyens ZEP

 abaisser le taux de redoublement de 7 à 2%

 regrouper les écoles

 on pourrait ajouter la disparition de la formation initiale

 un renforcement de l’efficience des emplois administratifs dans les services déconcentrés

Si on se repasse le film des opérations de carte scolaire des années passées, nul ne peut contester que ce programme a été réalisé jusque dans les moindres détails. Durant toutes ces années la FSU n ‘a eu de cesse de dénoncer ces mauvais coups portés à l’école et à ses usagers qui laissent aujourd’hui le système éducatif complètement exsangue, des personnels au bord de la rupture, des enfants abandonnés à leur sort. Elle a aussi été à l’initiative de nombreuse actions qui, si elles n’ont pas trouvé un grand écho au sommet de l’état, ont permis de faire prendre conscience à l’ensemble de la population de la nécessité pour notre pays d’investir massivement dans sa jeunesse.

La FSU porte et continuera à porter une ambition, une responsabilité et des propositions pour la réussite de tous les jeunes. En ce moments mardi 7 février, jour du CDEN, les enseignants, parents, élus manifestent et redisent leur refus de cette politique dévastatrice et réaffirment leur engagement pour une éducation nationale qui redevienne une vraie priorité au service de la réussite de tous.