Madame le Préfet de l’Ardèche organisait ce vendredi 5 avril 2019 une réunion d’information sur la législation et le droit des étrangers en direction des services de l’État, des autorités publiques, et des associations œuvrant dans l’accueil, l’accompagnement des demandeurs d’asile.

Madame le Préfet a exprimé sa ferme intention de mettre en œuvre les mesures adoptées dans la loi du 10 septembre 2018 pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie, tout en durcissant le traitement réservé aux déboutés du droit d’asile, ce qui dégradera encore un peu plus leur situation sur notre territoire ardéchois.

Depuis plusieurs années déjà, RESF constate que les demandeurs d’asile déboutés, fragilisés par leur parcours, privés de leurs droits fondamentaux, sont contraints de vivre dans des conditions indignes. Alors que dans un même temps, les autorités ont des obligations qu’elles ne remplissent pas à l’égard de ces personnes en situation de dénuement extrême.

Aussi, ce message est une alerte : actuellement à Privas, et ailleurs, de nombreuses familles de demandeurs d’asile déboutées sont « parquées » dans des hôtels, où parents et enfants (bébés ou scolarisés) vivotent péniblement sous une épée de Damoclès en forme d’imminente expulsion, et crainte de retour forcé au pays d’origine.

Certes, elles ne sont pas à la rue, mais depuis plus d’un an pour certaines, elles subissent des conditions de vie inhumaines (vivre à 5, parents et enfants, confinés dans la promiscuité de chambre d’hôtel de 12 m², sans possibilité de faire la cuisine, sans laverie).

Nous craignons que les services de l’État ne préparent la mise en œuvre d’un renvoi massif des déboutés du droit d’asile. Débouté ne veut pas dire que ces gens n’ont pas de bonnes raisons de craindre un retour chez eux ! Certaines familles sont ici depuis 5 ans ou plus, parfaitement intégrées et les enfants suivent une scolarité !

  • L’État pense que l’acceptation de « trop » de demandeurs d’asile créerait un « appel d’air »

Nous pensons que des personnes qui quittent leur pays d’origine avec leurs enfants pour subir les difficultés de la vie précaire d’un demandeur d’asile doivent avoir de bonnes raisons de le faire.

  • L’État craint une certaine opinion publique hostile à l’accueil d’étrangers.

Nous pensons au contraire que ce sont les frontières et les méfiances qui créent des problèmes et qu’il faut combattre la xénophobie par des moyens positifs.

Nous pensons aussi que les droits de l’homme et surtout ceux des enfants ne sont pas respectés par la législation actuelle concernant le droit d’asile, qu’il est trop commode d’embrouiller l’opinion publique en mélangeant droits d’asile, migration, immigration, délits, terrorisme, etc.

Nous demandons à Madame le Préfet, de par son pouvoir discrétionnaire, de faire appliquer les droits fondamentaux des exilés, de ne pas les criminaliser. Madame le Préfet ne doit pas détourner son regard de la réalité des hommes et des femmes qui vivent ici ; ils et elles doivent être entendus et écoutés dans leur demande d’effectivité des droits, leur égale dignité doit être sauvegardée, les intérêts supérieurs des enfants doivent prioritairement être pris en compte et préservés, avant toute mesure d’expulsion.

Deux centres d’accueil de « migrants » de notre région ont été fermés récemment : Allex dans la Drôme et Les Vans en Ardèche. Ils accueillaient des demandeurs d’asile de la région de Calais. Statistiquement il y a eu peu de régularisations pour les occupants de ces centres, beaucoup de « dublinés », des « fuites », dispersés dans la nature et des reconduites à la frontière. Pour des ressortissants d’Afghanistan, Soudan ou Érythrée, on peut se demander quelle frontière ? quelle destination ? et quel accueil à leur arrivée ?

RESF – FSU, Maison des syndicats, 25 avenue de la Gare, 07000 Privas.
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